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Actualités of Sunday, 16 September 2018

Source: camer.be

Ambazonie: les policiers savent désormais où se cachent armes et séparatistes

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Le Cameroun vient une fois de se faire remarquer par une actualité des plus insolites. Une vaste rafle effectuée par les éléments de la police dans les snack-bars et boites de nuit de la ville de Kribi, avec pour prétexte une information reçue par leurs services faisant état de l'entrée des activistes sécessionnistes qui luttent dans les régions anglophones dans cette ville pourtant très éloignée (au moins 230 kilomètres) du théâtre de la guerre d'Ambazonie.

Une rafle inédite qui a permis aux responsables des forces du maintien de l'ordre de se faire beaucoup d'argent en rackettant des citoyens qui avaient commis le crime de se retrouver dans des établissements de loisir dans la nuit de samedi à dimanche où ils se sont vu taxer arbitrairement de "vagabondage nocturne" par la police, a été par la suite justifiée par les commanditaires de cette opération de brigandage comme une opération en vue de dénicher des séparatistes anglophones qui seraient entrés dans la cité balnéaire d'importants stock d'armes de guerre et de munitions, pour y causer le chaos et la désolation en frappant certains points névralgiques de la ville.

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Sous la conduite du Commissaire Principal Raymond Maan, commissaire central de la ville, des centaines de personnes ont été arrêtées et mis en garde à vue. Quoique quelques centaines restent encore gardés à vue pour « défaut de présentation des pièces d'identité » ou « non justification de repère », celles qui ont été libérées révèlent avoir été obligées de montrer patte blanche en payant la "rançon" exigée par les policiers pour recouvrer leur liberté. « Ou on donnait l'argent qu'ils voulaient ou nous restions dans l'enceinte du commissariat où nous étouffions déjà à cause du trop-plein de monde. Surtout que dès le matin de dimanche, une rumeur a commencé à courir selon laquelle certains pouvaient être pointés du doigt comme des sécessionnistes venus de la lointaine région du Sud-ouest pour semer le trouble à Kribi ».

On peut d'autant comprendre la panique qui s'est emparée des noctambules arrêtés que depuis que la crise anglophone a pris la dangereuse tournure d'une guerre de sécession, il est fréquent de voir des policiers ou gendarmes camerounais arrêter des gens dont il suffit qu'ils soient désignés comme des pro-sécessionnistes pour que leur sort soit scellé et un bail longue durée pris avec la prison à moins que pour se tirer d'affaire leurs proches ou eux-mêmes - quand cela est dans leurs cordes - déboursent d'importantes sommes au profit de leurs bourreaux. Des sommes d'argent qui varient généralement entre 300.000 et un million de francs CFA.

Il n'est pas superflu de relever à propos que dans le but de susciter une plus vive antipathie des Camerounais vis-à-vis des sécessionnistes, les autorités camerounaises au plus haut niveau, ont mis sur pied une stratégie de diabolisation consistant à fomenter des actions qui sont ensuite imputés aux activistes du projet de création d'une "République Fédérale d'Ambazonie".

Dernièrement des personnes travaillant pour le compte du ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, ayant demandé en vain à rencontrer l'éminent membre du gouvernement, ont entrepris le 10 août 2018, de faire un sit-in à sa résidence privée du quartier Nyom à yaoundé pour que celui-ci leur paie leurs rétributions. S'en est suivie un échange verbal violent avec les gendarmes et policiers affectés à la garde du ministre qui exigeaient qu'ils débarrassent le plancher pour ne pas créer le scandale... A la fin, deux d'entre eux ont été abattus par la garde prétorienne du grand homme.

Mais à la surprise générale des personnes qui étaient au courant de cette affaire, on apprendra par la suite qu'il s'agissait de sept (7) braqueurs ayant tenté de s'approvisionner chez le ministre, et que deux d'entre eux avaient été abattus tandis que cinq autres avaient réussi à prendre fuite.

Puis, trouvant que la ficelle du braquage semblait trop grosse pour prendre, parce que des bandits n'oseraient pas aller s'attaquer au domicile du Numéro 2 de la présidence de la République qui est gardé plus que de mesure, le clan Ngo Ngo a secoué son lobby communicationnel dans le but faire passer l'affaire pour une attaque dont seraient responsables des sécessionnistes anglophones venus du Sud-ouest et du Nord-ouest, des régions situées respectivement à plus de 400 et près de 500 kilomètres de Yaoundé, dans le but d'attenter à la vie du ministre SGPR . Là encore, vu le flop qu'a connu cette autre transformation des mobiles de "l'attaque" de la résidence de monsieur Ngo Ngo, un prétendu dénommé Neba, alias "Ni Boy", qui aurait été soi-disant arrêté le 15 août à… Douala (et non plus à Yaoundé), est présenté comme le chef du gang ayant tenté de braquer la résidence du ministre. Les médias officiels et proches du gouvernement argueront - sans qu’on puisse y voir le rapport véritable entre ce qu'il avait en sa possession et le fait que la résidence du ministre ait été attaquée cinq jours plus tôt- qu'au moment de son arrestation, ledit Neba était en possession de… médicaments qu'il s'apprêtait à expédier à Bamenda.

Qui étai(en)t le(s) destinataire(s) de ces médicaments et quel rapport avec "la tentative de braquage" ? Mystère et boule de gomme ! Encore se demande-t-on comment et par qui le dit Neba ou "Ni Boy" a pu être identifié comme le chef du gang, puisque le jour du "braquage-attaque-sécessionniste- aucun des assaillants n'avait été appréhendé, pour qu'on puisse supposer qu'il aurait livré le nom de son chef ou de ses complices lors de son exploitation par les enquêteurs.

Finalement on se rend compte que les autorités camerounaises à tous les niveaux -sans pour autant que les unes se réfèrent aux autres aux autres avant de s'y lancer- se livrent à des exercices de manipulation qui, en raison de leurs incohérences déconcertantes, les desservent plus qu'ils ne les servent. Car à la fin les Camerounais ne sauront plus distinguer entre des actes ignobles perpétrés par le gouvernement pour trouver le prétexte de mieux mater les anglophones sans se faire taper sur les doigts par les défenseurs des droits de l'homme et les actes cruels des sécessionnistes qui, il faut le dire, ne sont pas des enfants de chœur.

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La preuve de cette cacophonie communicationnelle, d'aucuns tentent de faire avaler que l'agression dimanche au Mont fébé de l'Ambassadeur de Russie qui avait juste profité de son repos dominical pour prendre une bouffée d'air pur dans l'environnement serein qu'offre le paysage très touristique du quartier Fébé à Yaoundé, serait aussi le fait des sécessionnistes, alors que pour ce faire ce type d'agression requiert que ses auteurs aient pu obtenir au préalable des éléments de l'agenda dominical du diplomate.

Là encore, la mayonnaise a du mal à prendre, même s'il n'est pas exclu que dans les jours à venir, des "sécessionnistes anglophones" soient présentés comme les agresseurs de monsieur Anatoly Bashkin, et passent aux aveux complets conformément à un deal passé à l'avance, quitte à écoper d'une peine de mort qui ne sera jamais exécutée, conformément… au deal !